IL EST BIEN TROP TARD POUR JOUER A DE NOUVEAUX JEUX
2023-24 - STOCKSHOT Youtube - 33min [Pour un public averti]
Un film de Fabio Deronzier
EN COURS DE SÉLECTION
Les jeunes protagonistes semblent se livrer à des messages flous, couverts d’insinuations de vendetta : ils exposent armes, idées, plans d’attaque devant leurs artilleries progressivement devenue réelle et menaçante. Les préparatifs sont sommaires et empressés. L’escalade des provocations tâche graduellement de sang les mains de ces petites milices inter- connectées qui se rencontrent, s’associent, s’entraident, se stimulent via ces appels à l’horreur d’être instigateur d’une chute commune. D’armes factices en construction primaires, l’équipe digitalement réunie se renforce, gagne en assurance et en déterminisme jusqu’à passer à l’acte. Acte isolé, acte totalitaire ou révolutionnaire contre un régime adulte, contre l’autorité sacrée des plus grands, contre un pouvoir supérieur qui les oppressent, qui ne les écoute pas de par leur place enfants. Enfants ? Enfant de la nation, éléments d’avenir, guidé par les avertis : les parents. Ces jeunes enfants, à la manière des vidéos facecam de propagande terroriste, montrent un visage intime et déraisonné, sincère et désarmant.
La plupart du temps enfermés dans leurs chambres, dans le jardin auxheures de travail des parents, dans le garage, à l’abri des regards. Aucun signe d’adulte ne vient perturber leurs déclarations et leurs échanges.Ils sont seuls parce qu’ils se sentent abandonnés. Ils livrent alors leurs récits ou menaces au monde via le géant YouTube, pour créer ensemble l’illusion d’une communauté, d’un clan. Le Club des Bourgeons. Bourgeons parce qu’ils assurent la croissance et la ramification des tiges, ils sont le moteur de la plante et sans eux... pas de forêt ! Pas de forêts, pas de société, pas d’avenir, pas de continuité, pas de chutes, sans eux tout s’arrête.Connaissant pertinemment leurs rôles futurs et prédéfinis, ils deviennent les seuls à pouvoir organiser la chute et recréer leur nouvelle forêt. Les tutos disponibles sur internet leur offrent un catalogue infini d’horreurs.Ils peuvent construire leurs armes, organiser leurs explosions, leurs incendies, leur guerre, leur revanche.
Comme s’il était déjà trop tard pour agir, nous observons une montée en puissance de la haine, une motivation du passage à l’acte puis l’explosion invisible, non nommée, courte et suspecte. Puis la fête. Le succès vite regretté, la rédemption par le pardon et le suicide. Sur le plan émotif des enfants, les projets révolutionnaires vont très vite. Le besoin d’assouvir ces jeux qui deviennent réalité arrivent immédiatement sans que personne n’ai pu parler. La réalité fatale de l’erreur de jeunesse tombe tout droit sur la tête de ces enfants. Toujours face à leurs objectifs de téléphone, de webcams du salon, ces jeunes se tuent, après avoir accompli ensemble le combat d’une courte vie. Baby gang de Naples, ces bourgeons en bande ont vécu numériquement pour nous laisser cet assemblage de vidéos récoltées sur YouTube. Empreints de sincérité, en totale autarcie, en toute transparence ils ont, à leurs yeux, tout gagné après avoir rayer d’un trait rouge les grands qui ont détruit leur avenir. Il n’y a plus aucun avenir mais uniquement un renouveau IMMÉDIAT ouRIEN D’AUTRE. Ils n’avaient rien à perdre et ont sauté le pas, solidarité entre désespérés. Les petits ont tout pété ma vieille.